Manuel de conduite à tenir - Comportement du binôme d'attaque.
COMPORTEMENT DU BINÔME D’ATTAQUE
SOMMAIRE
1 ___ Introduction
2 ___ Développement
3 ___ Différentes conduites à tenir
4 ___ Conclusion
1 - INTRODUCTION :
Cependant, d’après nombre de personnels à la BSPP comprenant formateurs, référents et sapeurs en unités d’incendies, trop de précaution peuvent casser le rythme d’une intervention. Les mesures de sécurité doivent être créées pour nous sécuriser sans retarder l’intervention des secours. Aussi à nous de vérifier d’une manière pragmatique que les mesures de sécurité ne viennent pas amoindrir la qualité d’intervention des secours.
2 - DEVELOPPEMENT
Chacune des parties de ce développement sont liées entre elles (ex : Dans les conduites à tenir, l’information du sauvetage est reportée automatiquement au développement sur le sauvetage.). C’est pourquoi relire régulièrement ces écrits permet de ne pas oublier la synergie que représente l’ensemble de ces règles…
PRÉSENCE DE LA PORTE :
La porte est l’allié du binôme d’attaque face à un sinistre. Elle peut être utilisée comme écran face à des flammes, comme « soupape » de refroidissement face à une atmosphère très chaude, ou encore comme un élément permettant ou non une ventilation.
Durant le cheminement une ou plusieurs portes peuvent être rencontrées, il faudra alors répéter la manœuvre du passage de celle-ci.
L’absence de porte n’enlève pas les précautions à prendre avant de rentrer dans un contenant abritant un sinistre. Un foyer ne se trouve pas toujours derrière une porte…
Au préalable il est nécessaire d’observer avant d’ouvrir. L’observation se fait en plusieurs points pouvant être rassemblés simultanément : la qualité des fumées, la présence de cloques sur la peinture, la présence de courant électrique sur la poignée (tester au moyen du dos de la main), présence de bruits sourds, etc.
La porte s’ouvrira dans tous les cas avec précaution et douceur par le servant qui se placera au mieux et dans la mesure du possible en dehors de l’axe de l’ouvrant de manière à ce que le porte-lance puisse observer progressivement les fumées puis regarder succinctement à l’intérieur du local, la lance « en eau » à la main et tout cela à genoux prêt du sol.
La porte, si elle doit l'être, ne sera jamais refermée complètement.
En passant la tête à l’intérieur le porte-lance peut estimer plusieurs points très importants : la présence d’un sauvetage avéré, la qualité du plafond du fumées, la chaleur du contenant, le cheminement, les signes annonciateurs de phénomènes ou/et d’accidents thermiques ou encore la présence d’objet dangereux.
Une porte sera toujours utilisée comme écran (ouvertures / fermetures partielles) lors d’un refroidissement ou d’une extinction.
SIGNES ANNONCIATEURS D’ACCIDENTS THERMIQUES OU D’ATMOSPHÈRE DANGEREUSE :
Les signes annonciateurs de BackDraft sont les suivant :
- Fumées riches ou jaunâtres
- Tourbillons ou rouleaux de fumées sortant par un orifice
- Porte très chaude, vibrante
- Va et vient de fumées par les interstices de la porte
- Bruit intérieur sourd
- Vitres noires
- Légère lueur intérieur
Les signes annonciateurs d’atmosphère dangereuse ou de Flash-over sont les suivant :
- Porte chaude ou/et cloquée
- Notion de fort potentiel calorifique du contenant
- Plafond de fumées bas
- Gaz de Pyrolyses blancs émanant des matériaux environnants
- Sensation de forte chaleur
- Éléments environnant qui fondent
Bien d’autres accidents et signes existent, mais déjà après avoir observé l’environnement thermique muni de ces points clés, le binôme engagé peut contrôler une majeure partie des risques de changement ou d’évolution brutale de la situation.
En premier lieu connaître et savoir repérer ces signes sur intervention (ou sur manœuvre d’entrainement) est une base importante. Somme toute, des connaissances basiques permettent aussi bien d’observer, de réfléchir et d’intervenir rapidement.
COMPORTEMENT DU BINÔME D’ATTAQUE :
Face à un risque de Backdraft le binôme rend compte à l’autorité qui va prendre des mesures en conséquence (exutoire, sortant, trouées, lance Cobra, etc.). Si la mesure prise permet de supprimer le risque d’accident le binôme appréciera la situation avant d’entrer (s’il faut rentrer !).
Si le risque persiste et qu’il faut rentrer, le porte-lance refroidira le local par « pulsing » à chaque légère ouverture de porte. Et cela jusqu’à changement de la situation thermique.
Face aux signes d’une forte chaleur ou de violents changements thermiques le porte-lance refroidira aussi le local par pulsing.
Durant sa progression le porte-lance pulsera tous les 2 mètres environ pour laisser des particules d’eau en suspension au-dessus de lui dans le cas où la chaleur du local est devenue tolérable.
Si les tentatives de refroidissement sont inefficaces, alors le binôme se repliera, tout en pulsant, dans un endroit ou la chaleur est supportable (généralement quelques mètres de retrait suffisent).
A partir du moment où la chaleur est jugée trop forte (binôme obligé de se baisser plus) le binôme stoppera sa progression ou se repliera légèrement et refroidira l’atmosphère en pulsant jusqu’à ce que la progression soit possible dans des conditions correctes.
La progression se fera à « 4 pattes » par avancées successives de 2 mètres environ en longeant les murs, si possible en dehors de l’axe ouvrant/sortant.
La position stabilisée du binôme dans un environnement enfumé est à genoux pour permettre une éventuelle position à « plat ventre ».
En cas de repli impossible, le binôme s’allongera face au sol, lance au dessus des casques, jet diffusé de protection, pleine puissance, plein débit.
Et si les personnels ont connaissance de détails pouvant améliorer leur comportement au feu, libre à eux d’en faire le choix dans le cadre ou toutes les règles de base sont observées.
COMPORTEMENT DES DEUX ENTITÉS FORMANT LE BINÔME :
- L’efficacité de l’action du porte-lance
- Les prises de risques utiles et inutiles
- Les accès et cheminements non-observés
- L’hostilité de l’atmosphère
- Divers détails qu’il jugera important
L’accompagnant bloquera les mouvements de va et vient de la ligne durant les impulsions, quelles qu’elles soient, afin que le porte-lance n’aie que peu de répercussions.
Une des grandes difficultés du servant (accompagnant) sera de faire avancer ou reculer la ligne selon les déplacements et les demandes du porte-lance. Inutile de faire rentrer la totalité de la longueur du tuyau avant la pénétration complète du binôme. La traction du tuyau se fera progressivement, judicieusement et parcimonieusement.
Dans le cas où le tuyau se coince loin du binôme, l’accompagnant évitera au maximum de s’éloigner de son binôme pour débloquer celui-ci dans la mesure où un personnel à l’extérieur se charge de cette tâche. Si la situation ne s’arrange pas alors le servant préviendra son binôme de ses actions avant d’aller décoincer sa ligne. Le porte-lance lui gardera toute latitude de se replier avec son binôme ou non.
Les deux personnels du binôme se placeront dans la mesure du possible en quinconce afin de facilité leur communication.
Le porte-lance n’hésitera pas à expliquer les actions qu’il estime nécessaire à son servant.
ACTION DE LA LANCE :
En claire pour éteindre correctement un feu quelles que soient les conditions, l’action de la lance sera déterminante.
L’action de la lance dans le cadre d’une extinction avec la présence d’une porte comme écran, sera la suivante : plusieurs ouvertures fermetures de lance, jet diffusé d’attaque adapté, débit réglé entre 100 et 150 L/min, pouvant être prolongé un peu plus qu’une seconde en refermant la porte à chaque série durant une dizaine de secondes environ afin de laisser agir la quantité d’eau injectée.
Dans le cadre de la présence de signe d’atmosphère dangereuse, ou d’accident thermique l’action sera le pulsing sans progression. Plusieurs ouvertures/fermetures complètes débit réglé à 100/150 L/min, jet diffusé d’attaque, durée d’ouverture de moins d’une seconde (afin d’éviter de perturber l’atmosphère thermique) jusqu’à ce que la progression devienne ou redevienne possible. Durant son refroidissement chaque élément pourra être utilisé comme écran (porte, mur, meuble, etc.).
Le débit sera réglé entre 100 et 150 L/min afin de limiter au maximum la retombée de l’eau et aussi afin que la vapeur produite ne vienne brûler le binôme. Un débit maximum pourra être utilisé dans le cas d’attaque par l’extérieur et où les dégâts des eaux ne sont pas la priorité (feu d’entrepôt, maison totalement embrasée, etc.)
Des paquets d’eau peuvent être déposés sur les éléments « pyrolysant » ou en ignition.
Flammes non-visibles + progression / refroidissement.
Flammes visibles = extinction.
TECHNIQUE DU PULSING :
DIFFERENTS CAS | DEBITS | REPETITIONS | DUREE |
Progression | 100/150 L/min | Une tout les 2 mètres | Moins d’une seconde |
Refroidissement | 100/150 L/min | Jusqu’à progression possible dans des conditions acceptables | Moins d’une seconde |
Extinction | 100/150 L/min | Jusqu’à extinction | Moins d’une seconde |
SENSATIONS DU BINOME :
- Mes sensations sont-elles bonnes ?
- Les règles de bases sont-elles bien respectées ?
- Les sensations de mon binôme sont-elles bonnes ?
- Comment puis-je optimiser mes actions ?
La notion de brûlure lors de la progression est à proscrire ! Inutile de sortir le corps ravagé par les brûlures ou les blessures pour avoir fait correctement son travail.
SAUVETAGES :
En clair les seuls cas où le binôme s’occupera de l’environnement avant le sauvetage seront :
- La présence de risque d’accident thermique.
- La présence d’un danger mettant en cause l’intégrité physique des personnels (chaleur empêchant la progression sans brûlures, arcs électriques etc.)
3 – CONDUITES A TENIR
Bon nombre de cas différents se présente face à un binôme entrant. Nous verrons ici les cas les plus communs. Dans d’autres situations plus « complexes » il faudra s’adapter en respectant les règles de base. Les informations importantes qui réguleront le cours de l’intervention seront surlignées en rouge.
Différents cas de conduites à tenir classées par priorités :
- Face à un local sinistré : avec présence de risque d’accident thermique ou d’atmosphère dangereuse.
· Observer.
· Lutter contre le risque d’accident (refroidir, barrer les fluides, se protéger, utiliser la porte s’il y en a une).
· Observer à l’intérieur du local.
· Pénétrer si nécessaire.
· Procéder à l’extinction (en utilisant la porte s’il y en a une).
· Ventiler.
- Face à un local sinistré : avec notion de sauvetage, sans présence de risque d’accident thermique ou d’atmosphère dangereuse.
· Observer.
· Passer la porte s’il y en a une.
· Observer à l’intérieur du local.
· Réaliser le sauvetage en refermant la porte derrière.
· Observer de nouveau.
· Passer la porte de nouveau.
· Pénétrer si nécessaire.
· Procéder à l’extinction (en utilisant la porte s’il y en a une).
· Ventiler.
- Face à un local sinistré : sans flammes visibles
· Observer.
· Passer la porte s’il y en a une.
· Observer à l’intérieur du local.
· Pénétrer si nécessaire.
· Procéder à l’extinction (en utilisant la porte s’il y en a une).
· Ventiler.
- Face à un local sinistré : flammes visibles sans notion d’atmosphère dangereuse (ex : bouteilles de gaz).
· Observer.
· Procéder à l’extinction (en utilisant la porte s’il y en a une).
· Ventiler.
4 - CONCLUSIONS
Intervenir rapidement, efficacement et de manière sécurisée fera partit de se « personnalité professionnelle ».
Christophe Benfeghoul
24 Cie – CS Villemomble (BSPP
4ème Cie – Pompe France (CBS)